[CCA 17] La France et l’Indo-Pacifique

Chères lectrices, chers lecteurs,

C’est avec grand plaisir que nous reprenons la publication de nos Cahiers du comité Asie avec un numéro 17 dédié à l’Indo-Pacifique.

Dans cette édition, les membres du comité exposent leurs expertises et passion pour traiter de ce sujet, mais aussi pour couvrir l’Asie dans son ensemble.

En voici un extrait :

 

La France et l’Indo-Pacifique : perspectives polynésiennes

 

Par Paco MILHIET, membre du comité Asie

Relecture par le pôle publication.

Ce texte n’engage que la responsabilité de l’auteur.

Les idées ou opinions émises ne peuvent en aucun cas être considérées comme l’expression d’une position officielle de l’association.

 
 
Chaque dénomination géographique cache des ambitions politiques, l’Indo-Pacifique[1], nouveau leitmotiv incontournable dans les relations internationales, ne déroge pas à la règle et se veut une réponse stratégique aux ambitions de la République populaire de Chine (RPC) dans la région. Sa promotion en géopolitique n’est pas nouvelle, elle a même été théorisée dès le début du 20e siècle par Karl Haushofer[2]. Marginalisée voire enterrée depuis l’émergence de nouveaux schèmes géostratégiques (Extrême-Orient, Asie-Pacifique, Bassin Pacifique), l’expression renaît en 2007 au Japon[3], est reprise en Inde[4] en 2012, en Australie[5] en 2013, mais aussi aux États-Unis. L’administration Trump l’utilise depuis novembre 2017[6] et elle fait l’objet d’une publication par le « The Department of Defense Indo-Pacific Strategy report ». L’Indo-Pacifique s’impose ainsi progressivement comme le nouvel espace géostratégique de référence.
Considérés comme des « lacs américains[7] » au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les océans Pacifique et Indien sont devenus un terrain d’action de la RPC, qui y a activé des leviers d’influence depuis les années 1990 pour devenir un acteur important. Exacerbation du roman national[8], proximité géographique, influence économique, relais de la diaspora, politique diplomatique agressive visant à limiter toute influence de Taiwan[9], participation aux dialogues multilatéraux[10], projets d’infrastructures pharaoniques pour réinvestir ses surcapacités industrielles, développement d’un projet culturel à vocation universelle[11]. Autant de moyens utilisés par le gouvernement de Pékin pour faire de la puissance économique chinoise un levier d’influence géopolitique.
Le renouveau du terme « Indo-Pacific » par les stratèges américains et leurs alliés n’est donc pas anodin et constitue une nouvelle doctrine stratégique du Pentagone pour contrer les ambitions chinoises.
La France sort considérablement renforcée par l’affirmation de ce nouveau périmètre géopolitique : nombre de ses territoires d’outre-mer quadrillent l’Indo-Pacifique (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, Clipperton, la Réunion, Mayotte et les terres Australes françaises). Elle apparaît ainsi comme une puissance géopolitique dans l’Indo-Pacifique, en relais de tous ses instruments d’influence : politiques, culturels, militaires, sécuritaires. Ceci renforce considérablement sa crédibilité de puissance régionale. La Polynésie française, plus que toute autre collectivité d’outre-mer, se retrouve impliquée par ce basculement géopolitique mondial.
 

La France, nation puissante et influente de l’Indo-Pacifique

La notion d’Asie-Pacifique, expression géographique dominante depuis l’envol économique des dragons asiatiques (Japon inclus), excluait ipso facto les territoires insulaires du Pacifique du débat géopolitique. Seules la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Zélande sont membres du forum intergouvernemental de l’APEC (Asia Pacific Economic Coopération, institution multilatérale majeure de la région). La France, fragilisée par la perte de l’Indochine dans les années 1950, y était perçue comme un partenaire extérieur et marginal dans le dialogue régional. « Pour nous, la France c’est en Europe[12] » déclarait l’amiral Ji, Directeur-adjoint des affaires étrangères au ministère de la défense de la RPC en 2013 au Dialogue de Shangri-La à Singapour, illustrant le scepticisme chinois face aux prétentions de la France en Asie-Pacifique.
Le renouveau stratégique de l’Indo-Pacifique replace cependant la France au centre des problématiques régionales. Le discours d’Emmanuel Macron du 5 mai 2018[13] à Nouméa constitue à cet égard un tournant dans l’approche géopolitique de la diplomatie française : « La France est une grande puissance de l’Indo-Pacifique […]. Dans cette région du globe, la Chine est en train de construire son hégémonie pas à pas […]. Je crois à l’axe Indo-Pacifique, je crois à cette stratégie nouvelle que nous devons porter et qui doit se trouver au cœur de notre ambition collective […]. Et c’est d’abord une ambition géopolitique […]. Il y a un axe Paris-New Delhi-Canberra, mais cet axe-là se prolonge de Papeete à Nouméa et à travers tous nos territoires[14] ».
 

Les attributs de la puissance française dans l’Indo-Pacifique

 
Puissance inattendue[15], la France possède la deuxième zone économique exclusive[16] (ZEE) et le plus grand domaine sous-maritime au monde[17]. Plus de 1,6 million de citoyens français résidant dans les départements et collectivités d’outre-mer et au moins 200 000 ressortissants vivent dans les États de l’Indo-Pacifique[18].
Les critiques contre la présence française existent, tout comme les initiatives en faveur de la décolonisation politique. La Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française sont inscrites sur la liste des pays à décoloniser des Nations unies[19], tandis que les Comores, la république de Maurice et Madagascar contestent ouvertement la souveraineté de certains territoires français dans le canal du Mozambique[20]. Rappelons que les Nations unies ont, par une résolution non contraignante du 12 décembre 1979, invité la France à engager des négociations avec Madagascar en vue de la réintégration des îles Éparses au sein de la grande île ; cette résolution est restée sans suite mais les développements contentieux concernant les Chagos entre Maurice et le Royaume-Uni auront probablement un impact sur ce dossier. En France, un accord de cogestion a été signé avec l’Ile Maurice pour la gestion de l’atoll de Tromelin. L’accord n’a cependant jamais été ratifié par l’Assemblée nationale[21].
En Nouvelle-Calédonie, le premier des trois référendums prévus par l’accord de Nouméa de 1998 a vu en novembre 2018 la victoire en demi-teinte du « non » à l’indépendance. S’il redonne un ancrage légitimé par les urnes à la France, ce vote ouvre aussi une nouvelle phase de dialogue avec des indépendantistes confortés par des résultats meilleurs que ceux prévus par les sondages. Le deuxième référendum est prévu en septembre 2020. La France expérimente-elle un processus de « décolonisation sans transfert de souveraineté ? » comme le soulignait Michel Rocard[22]. Notons que ce processus néo-calédonien semble peu critiqué au niveau international et contribue à asseoir la crédibilité de la France au moment même de son affirmation Indo-Pacifique.
De manière générale, la France a redéfini sa présence depuis les années 1990 en adoptant des statuts d’autonomie plus large pour ses collectivités et en devenant l’un des principaux bailleurs de fonds de la région[23]. Sa présence est désormais perçue comme un facteur de stabilisation. Un nouveau modèle de coopération s’instaure. Dans cette perspective, l’intégration plénière de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie en septembre 2017 au Forum des Iles du Pacifique, institution politique majeure dans la région, constitue une étape-clé[24]. Par ailleurs, la majorité de la population ultramarine des territoires de l’Indo-Pacifique est attachée à son appartenance à la République française ; le discours indépendantiste n’y est nulle part majoritaire. La présence française dans l’Indo-Pacifique s’inscrit dans le temps long[25]. L’adhésion à ce nouvel espace stratégique permet ainsi au centre politique parisien d’inventer un nouveau récit national pour les populations ultramarines, un destin commun.
L’influence française ne se limite pas à ses territoires d’outre-mer. Le français est encore un relais naturel de la culture française dans la région, la langue étant pratiquée au quotidien à Madagascar, aux Seychelles, aux Comores, à l’Île Maurice et au Vanuatu. Si la « langue de Molière » a perdu beaucoup de son influence en Asie au bénéfice de l’anglais[26], le français comme deuxième langue peut servir les intérêts de pays asiatiques en ouvrant des perspectives économiques avec l’Afrique. Le Cambodge, le Laos, le Vietnam sont toujours membres de plein droit de l’Organisation mondiale de la francophonie, 43 établissements scolaires dans 20 pays de la zone sont répertoriés dans le réseau de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l‘étranger). 115 Alliances Françaises sont présentes dans 35 pays[27] dans la région Asie Océanie, sans oublier les 21 services culturels, dont 12 Instituts français présents dans la zone. La puissance linguistique et culturelle est donc réelle, mais aussi une puissance diplomatique de premier ordre avec le troisième réseau diplomatique au monde[28] et une présence diplomatique et consulaire dans 25 pays de la zone Asie-Océanie[29]. Concrètement, la France multiplie les initiatives. L’activisme diplomatique avec des acteurs clés de la région a été intense avec pour la seule année 2018, les déplacements du président Macron en Chine en janvier, en Inde en mars, en Australie en mai, et le déplacement du ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, au Japon en janvier 2018. Les discussions s’intensifient au sujet de la collaboration internationale en matière de liberté de navigation, de protection de l’environnement, de respect de la souveraineté territoriale (dans le seul Pacifique, la France compte dix pays frontaliers). Toutefois, ce sont avant tout ses capacités militaires qui font de la France un acteur majeur de la région.
 

La France, un acteur militaire crédible

 
La France contribue à la stabilité stratégique de la région en participant à des activités de sécurité régionale via des engagements internationaux comme :

  • Les accords Franz (accord tripartite de coopération de 1992 entre la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande visant à rationaliser l’aide civile et militaire aux pays et territoires insulaires du Pacifique victimes de catastrophes naturelles) ;
  • Le Quadrilatéral Defence Coordination Groupassociant la France, les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, avec pour objectif de coordonner les efforts de sécurité dans l’océan Pacifique, notamment dans le domaine maritime
  • Les exercices militaires auxquels la France participe (Croix du Sud, RIMpac, Cobra gold, Pitch black, Pacific Partnership, South Kapito) ;
  • La présence militaire permanente dans la région (7 000 militaires français sont présents sur l’ensemble de la zone, répartis entre Djibouti, les Émirats Arabes Unis, Mayotte, la Réunion, Papeete et la Nouvelle-Calédonie[30]) ;
  • La capacité d’intervention constante depuis Djibouti jusqu’aux côtes mexicaines ainsi qu’une diplomatie militaire très active, avec 18 attachés militaires accrédités dans 33 pays[31].

L’interopérabilité dans les projections militaires avec l’allié américain positionne la France comme une puissance stable et permanente dans l’Indo-Pacifique.
Sur le plan économique, les partenariats stratégiques se multiplient dans l’armement militaire. L’Inde est le plus gros importateur d’armes françaises sur les dix dernières années[32]. La vente en 2016 de 12 sous-marins à l’Australie, pour un montant record de 34 milliards d’euros, est emblématique. Ce partenariat économique s’accompagne d’une coopération stratégique accrue avec notamment les exercices Pitch black et Pégase en 2018, qui ont mobilisé 3 avions Rafale et un A400M[33]. La France entretient également des relations privilégiées avec Singapour, la Malaisie, l’Indonésie, le Japon et la Corée du Sud, tous de grands importateurs d’armes françaises. Sur les 20 plus gros importateurs d’armes françaises en 2009 et 2018, 14 se trouvent dans l’Indo-Pacifique[34]. Le complexe militaro-industriel français consolide dans cette région des parts de marché importantes pour ses exportations d’armes. La création d’un état-major français à Singapour ou en Malaisie est même évoquée par certains spécialistes[35] pour faciliter la conduite d’activités multilatérales ou coordonner les actions sur les deux océans.
Cependant, le budget consacré à la défense a, en proportion du produit intérieur brut (PIB) français, fortement baissé depuis les années 1960[36] (de 6,5 % du PIB en 1960 à 2,3 % aujourd’hui selon le SIPRI). Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013 évoque même un risque de « rupture capacitaire à court et moyen terme, qui pourrait entraîner l’État à ne plus pouvoir remplir de façon appropriée l’ensemble des missions qui lui incombent dans les outre-mer[37] ». Conscient de l’inadéquation entre objectifs opérationnels et capacités financières, le Parlement français a approuvé en juin 2018 la nouvelle Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, élaborée sur les orientations figurant dans la « Revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017 », une « livre blanc bis » piloté par le ministère des armées. Cette loi prévoit près de 300 milliards d’euros de crédits cumulés pour la défense. Le budget défense doit bénéficier d’une hausse de 1,7 milliard d’euros par an jusqu’en 2022, avant des « marches » de 3 milliards par an à partir de 2023.
Cet effort budgétaire important nous invite à relativiser les capacités réelles de la puissance française, déjà engagée dans plusieurs opérations coûteuses et pérennes sur le continent africain. Une collaboration avec différents partenaires s’avère donc indispensable pour assurer la sécurité régionale de nos collectivités d’outre-mer dans l’Indo-Pacifique.
L’Indo-Pacifique, nouvel espace géopolitique de référence, est donc une aubaine pour la France ? Pas nécessairement. En effet l’utilisation du nouveau concept par les autorités françaises range de facto la France dans le camp des États-Unis dans un contexte d’intensification des tensions sino-américaines. On peut légitimement questionner l’utilisation extensive d’un concept élaboré et développé outre-Atlantique dans le seul but de marginaliser la Chine. N’y a-t-il pas à terme le risque de nous froisser avec Pékin, partenaire omniprésent et souvent indispensable dans d’autres régions du monde ? La Chine ne conteste pas publiquement la présence française dans l’Indo-Pacifique. En cela, elle ménage l’un de ses principaux partenaires européens. Cependant, les récentes déclarations du Président de la République Emmanuel Macron ont suscité les critiques et le dédain de la presse nationaliste sous contrôle du régime[38] ; en privé, la Chine veut concurrencer l’ordre occidental sans toutefois le renverser. Une multiplication des leviers d’influences dans les collectivités françaises du Pacifique est donc envisageable, particulièrement en Polynésie française, et ce sous toutes les formes habituelles, économiques, politiques et financières.
 

La Polynésie française, une nouvelle perle au collier chinois ?

 
« La relation entre la Chine et la Polynésie française est une composante importante des relations sino-françaises ». Ainsi s’exprimait le diplomate chinois Zhai Jun, ambassadeur de Chine en France, lors d’un voyage en 2016 en Polynésie française[39]. Simple politesse de circonstance ou véritable intérêt pour ce territoire insulaire ? Les territoires français du Pacifique se retrouvent ipso facto impliqués par la montée en puissance de la RPC.
Longtemps marquée par son insularité et son éloignement des principales routes commerciales, l’Océanie redevient une zone géopolitique au centre des problématiques internationales, théâtre d’une rivalité sino-américaine exacerbée en ce début de 21e siècle. La Polynésie française, ensemble de 118 îles réparties sur un territoire maritime aussi vaste que l’Europe, riche en matières premières encore non-exploitées, est confrontée aux ambitions géopolitiques des différentes puissances régionales et sort de son isolement stratégique[40]. Elle devient ainsi le relais naturel de la puissance française dans la région, plus que tout autre outre-mer.
 

Un territoire stratégique

  • Ressources halieutiques

En mars 2019, la présence d’un thonier chinois dans le port de Papeete pour ravitaillement a déclenché un tollé sur internet : les bateaux chinois étaient accusés de « piller les ressources de la Polynésie[41] ». Si les autorités ont immédiatement démenti ces accusations, le fait divers est révélateur du scepticisme et de la méfiance des Polynésiens. Les pratiques plus que douteuses de certains pêcheurs chinois dans les mers bordières du Pacifique[42] ont contribué à développer une image catastrophique des pêcheurs chinois auprès des populations insulaires.
La Chine est à la fois le premier producteur mondial dans le domaine de la pêche[43], de l’aquaculture[44] et le premier consommateur mondial de ressources halieutiques[45]. La surexploitation des ressources des océans et la pollution côtière et fluviale ont entrainé la raréfaction des ressources. La ZEE chinoise ne suffit plus à la forte demande intérieure chinoise et la sécurité alimentaire devient donc un enjeu majeur pour le gouvernement de Pékin. La pêche lointaine chinoise se développe[46], parfois au mépris des règles internationales. L’immense ZEE française dans le Pacifique suscite donc les convoitises de la puissance halieutique chinoise.
Le nouveau projet pharaonique de l’entreprise chinoise Tian Rui sur l’atoll de Hao dans l’archipel des Tuamotu s’inscrit dans cette nouvelle compétition internationale d’accès aux ressources alimentaires. Cette ferme aquacole interroge par sa démesure : un investissement de 350 millions d’euros est annoncé (capitaux exclusivement chinois), 28 000 m² d’usine, 50 000 tonnes de production par an et la promesse de création de 500 emplois[47]. Les risques pour l’environnement sont pourtant déjà bien identifiés[48] : eutrophisation du lagon[49], résidus de plutonium et autres métaux lourds dans les poissons[50] de cet atoll qui fut la base arrière des essais nucléaires français pendant 30 ans.
Le discours pacifiste des autorités de Pékin[51] est axé sur le développement durable et les coopérations « gagnant-gagnant » mais la réputation de la RPC en matière d’expansionnisme économique et de pollueur environnemental suscite craintes et interrogations. La ferme aquacole représente-t-elle un modèle expérimental destiné à être reproduit en Chine ou ailleurs ? En outre, l’atoll d’Hao possède un intérêt stratégique avec une piste d’aviation de plus de 3 km protégée par une digue, une route de 15 km, des logements, des laboratoires. La ferme aquacole sera-t-elle la première intrusion du capitalisme paraétatique chinois[52] dans le Pacifique français ? Les travaux ont en tout cas pris du retard, et il semblerait que les promesses d’investissement aient été revues à la baisse[53].
 

  • Les fonds marins, enjeux énergétiques majeurs

En moins d’un siècle, une grande partie des ressources minières terrestres a été épuisée. L’avenir se joue donc dans les fonds marins et singulièrement autour des terres rares, indispensables dans la fabrication de produits de haute technologie ou d’armement militaire, dont la Chine assure à ce jour plus de 90 % de la production mondiale[54], créant une situation de quasi-monopole. Or il y a abondance de minerais dans les fonds marins de la ZEE française du Pacifique[55], sous différentes formes de minéralisation : sulfures polymétalliques hydrothermaux à Wallis, encroûtement de manganèse cobaltifère dans les Tuamotu, nodules polymétalliques à Clipperton[56]. La richesse des fonds marins et ses potentiels d’exploitation offrent une nouvelle grille de lecture à la région Pacifique. La Chine participe d’ailleurs à cette exploration via son agence COMRA[57]. La Polynésie française dispose d’une autonomie administrative, mais l‘État français reste responsable des fonctions régaliennes, notamment de la sécurité et de la souveraineté en mer dans sa ZEE. Ainsi l’IFREMER (Institut français de recherche pour l’exploration de la mer, établissement public à caractère industriel et commercial placé sous la tutelle de l’État) a réalisé plusieurs missions d’exploration dans le Pacifique pour le compte de l’État français. Il y a là un terrain potentiel de confrontations.
Comment l’État français garantira-t-il la préservation de l’environnement et de la biodiversité, inscrite depuis juillet 2018 dans l’article I de la Constitution, alors que les fonds marins polynésiens suscitent l’intérêt des grands groupes chinois ? Comment empêchera-t-il les usuelles tentatives de corruption auprès des gouvernements locaux liées aux promesses financières alléchantes de « délégataires » chinois, comme cela est documenté pour d’autres pays du Pacifique insulaire[58] ?
 

Le développement de l’influence chinoise en Polynésie française

Depuis l’arrivée des premiers Chinois à Tahiti [59] dans les années 1860 pour travailler le coton et le café sur les plantations d’Atimaono[60], le métissage a beaucoup progressé et la communauté chinoise est parfaitement intégrée à la société multiculturelle polynésienne. La réussite de cette communauté est incarnée par la famille Wan, grand magnat de la perle en Polynésie ou par Gaston Tong Sang, maire de Bora Bora et ancien président de la Polynésie française. Certaines spécificités culturelles demeurent (élection Miss Dragon, temple et cimetière chinois à Mamao, multiples associations culturelles). Il ne faut cependant pas assimiler ces Chinois « historiques[61] » aux nouveaux fonctionnaires de Pékin présents à Tahiti. En effet, on constate depuis le début des années 2000 un intérêt croissant du gouvernement chinois pour la Polynésie française.
Les relations entre la Polynésie française et la Chine font l’objet d’une compétition intra-polynésienne sur le Fenua depuis plus d’une décennie. Des accusations mutuelles de compromissions excessives avec les Chinois ont alimenté le débat entre Oscar Temaru et Gaston Flosse. D’autres affaires et litiges alimentent les gazettes locales et se terminent souvent au tribunal. C’est notamment le cas d’un conflit entre la RPCet la République de Chine (Taiwan)[62] à propos d’un consulat abandonné ou encore d’un programme d’acquisition de 43 thoniers, en grande partie commandés en Chine et qui tournera au fiasco[63].
Malgré ces épisodes conflictuels, les gestes d’amitié sont nombreux et ostensibles depuis vingt ans. Le 4 avril 2001, le président Jiang Zemin, en escale à Papeete, a reçu les insignes de la Grand-croix de l’ordre de Tahiti Nui par Gaston Flosse. La même année, l’ambassadeur chinois en France, Wu Jian Min, a visité une ferme perlière en compagnie de Robert Wan. En 2002, Gaston Flosse a effectué une tournée en Chine à la tête d’une délégation de 60 personnes[64]. Au retour de la délégation en Polynésie, le principal leader indépendantiste de l’époque Oscar Temaru a déclaré « Flosse vend la Polynésie aux Chinois ». En 2003, le gouvernement Flosse a décidé de créer un bureau de représentation Polynésien à Pékin (supprimé 2 ans plus tard lors de l’arrivée d’Oscar Temaru au pouvoir).
Le 12 septembre 2007, le consulat chinois de Papeete a finalement été inauguré et en 2008, le statut de « destination touristique agréée » fut octroyé par les autorités chinoises[65]. Une exemption des taxes douanières à l’importation des perles fut même accordée (cette expérience d’un an ne sera pourtant pas renouvelée). De retour à la présidence en 2009, Oscar Temaru, autrefois très critique à l’égard des relations du Tahoeraa (son rival politique) avec la Chine, a pourtant encouragé l’expédition de la pirogue « Tahiti Nui Freedom » pour l’Exposition universelle de Shanghai (cette expédition retraçant le chemin inverse des premiers habitants des îles de la Société). En 2010, il a effectué une tournée de 3 semaines en Chine invité par « l’association chinoise pour l’accroissement des échanges avec l’étranger ». À son retour, le président indépendantiste affirmera qu’il « faut travailler avec la Chine », en appelant les communes à développer des relations avec leurs homologues chinois, en promouvant le caractère travailleur et discipliné du peuple chinois et en affirmant que la Polynésie a beaucoup à apprendre de cette société plurimillénaire.
Les relations sino-tahitiennes ont repris en 2013 une place centrale dans le débat politique du Fenua, Oscar Temaru ayant annoncé une aide de 500 milliards de francs Pacifique accordée par la Banque de développement de Chine lors d’un débat télévisé en avril 2013 sur Polynésie la 1ère [66].
En septembre 2013, l’Institut Confucius est créé avec succès (plus de 300 inscriptions pour suivre les cours de chinois la première année), sur le modèle des Alliances françaises ou des Instituts Cervantes. Seules les puissances qui visent le rayonnement international s’engagent dans cette voie. En 2015, Edouard Fritch, président de la Polynésie française depuis septembre 2014, est reçu par le vice-président chinois à Pékin[67].
Les relations sino-tahitiennes se sont donc accélérées au cours de la dernière décennie. Fidèle à sa politique pragmatique vis-à-vis de ses voisins du Pacifique, la Chine profite des rivalités internes tahitiennes pour s’installer dans le paysage économique du Fenua. Les accords directs entre la Chine et la collectivité se sont, pour l’instant, pratiquement tous soldés par un échec. En pratique, ce sont plutôt les Chinois qui se sont retirés face à un certain amateurisme côté tahitien : absence d’études préalables, marchés publics annulés, viabilité financière compromise par des pressions locales, absence d’intégration au plan général d’aménagement des communes concernées par ces projets. Toutefois, les investissements chinois vont très probablement continuer de se multiplier en Polynésie, à l’image de ce qui s’est passé chez les voisins du Pacifique. Les projets géants du complexe hôtelier Mahana Beach par un consortium chinois (projet depuis abandonné) et de la mégaferme aquacole de Hao confirment cet intérêt croissant pour ces mégaprojets chinois, sous conditions de pour la partie tahitienne de fournir précisions et garanties.
On notera que la Polynésie ne semble pas armée pour affronter et contrôler les différents modus operandi des investisseurs chinois, à base de surendettement des pays ciblés. Ces processus sont pourtant largement documentés : en 2017, 83 pays étaient en état de fort endettement, 23 pays en état d’endettement sévère et 8 pays en état d’endettement critique vis-à-vis de la Chine[68]
Incontestablement, les contrats économiques avec la Chine sont importants pour l’avenir de la collectivité. Pourtant, deux prérequis sont critiques pour la Polynésie française :

  • Les Chinois sont les plus grands consommateurs d’énergie au monde et leur soif énergétique se fait souvent au détriment de l’environnement. Il incombe alors à la collectivité polynésienne de protéger son écosystème en s’assurant qu’aucune exploitation ne transgresse les règles écologiques.
  • L’aide économique de la Chine est généralement suivie de pressions politiques[69]. Dans ce contexte, le rattachement historique à la France, grande puissance économique et militaire, constitue un avantage car il rééquilibre le rapport de force dans la négociation.

 

Conclusion : la Polynésie française à la confluence d’intérêts géopolitiques concurrents

La stratégie du « collier de perles[70] » dans l’océan Indien, qui désigne l’installation de points maritimes par la marine de guerre chinoise sous couvert de l’achat ou de la construction d’installations portuaires, est en passe d’être prolongée dans le Pacifique avec le développement d’infrastructures par des sociétés chinoises[71]. Des suspicions d’implantations militaires au Vanuatu ont même fuité dans la presse[72].  La Polynésie française n’échappe pas à cet intérêt croissant pour toute la zone pacifique. Au niveau politique, la diplomatie pékinoise ne conteste pas officiellement la présence française dans cette partie du monde. Elle est cependant membre du « Comité des 24 » qui considère la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie comme des pays « à décoloniser », tout en n’apparaissant pas comme soumissionnaire de cette résolution.
Parallèlement au développement de l’influence chinoise, les Américains ont pris acte du basculement géopolitique mondial vers l’Asie. Si la forme du discours n’est pas la même, il existe une continuité géostratégique entre le « Pivot to Asia » de Barack Obama, et l’axe Indo-Pacifique de Donald Trump. D’autres acteurs anglo-saxons se positionnent également dans la région.
Le Royaume-Uni, Brexit oblige, rouvre ses ambassades[73] aux Tonga, au Vanuatu et aux Samoa et cherche à redevenir un acteur militaire en Asie (ouverture d’une base militaire à Bahreïn en 2018, négociation avec Singapour /Brunei pour une implantation militaire[74]. Boris Johnson avait annoncé[75] dès 2016 le retour de la Grande Bretagne « à l’est de Suez » sur fond de discours « Global Britain ».
L’Australie, tiraillée par sa dépendance économique envers la Chine et son rôle de « shérif de Washington dans la région » a semble-t-il choisi son camp en bannissant en 2018 Huawei et ZTE du marché 5G australien. La nouvelle politique de « Pacific Step-up » prônée par Toni Morrison démontre la volonté australienne de demeurer le partenaire incontournable des États insulaires dans le Pacifique océanien.
Il apparait donc nécessaire voire urgent pour la France de continuer à formuler, détailler et communiquer sa politique Indo-Pacifique La proposition du député Folliot et de la sénatrice Karine Claireaux pour développer une France Archipel[76] s’inscrit dans cette démarche de valorisation des outre-mer.
La Polynésie française semble le territoire idoine pour devenir le poste avancé de la diplomatie française car les tensions politiques y sont moindres qu’en Nouvelle-Calédonie[77] et les perspectives de richesses sont immenses. Reste à savoir si la nouvelle doctrine géopolitique de l’axe Indo-Pacifique de Paris se solidifiera par un référentiel d’initiatives articulées autour de cet axe, ou si cette communication restera opportuniste, éphémère et fragile. Faisons le point : dans la lignée du discours d’Emmanuel Macron, les relais institutionnels ont adopté et décliné les éléments de langage de l’Indo-Pacifique, tels que le Livre blanc « Asie-Océanie horizon 2030, vers un espace asiatique Indo-pacifique inclusif[78] » ou la plaquette du ministère de la défense « La France et la sécurité en Indo-pacifique 2019[79] », qui cristallisent un réveil doctrinaire pour ces territoires délaissés de longue date. Structurant mais insuffisant, des actes forts sont nécessaires. Par exemple, n’est-il pas du rôle régalien de l’État d’intervenir dans des situations de risques sécuritaires, écologiques ou stratégiques liés aux mégaprojets qui se multiplient (aquaculture, tourisme…) ? N’est-il pas également légitime que la France impose de façon régalienne un principe de réciprocité face aux réglementations si contraignantes que subissent les entreprises françaises en Chine.
La France, puissance culturelle et diplomatique de premier ordre, membre du Conseil de sécurité et puissance nucléaire possède des atouts extraordinaires dans l’Indo-Pacifique et peut se donner les moyens de jouer un rôle d’intermédiaire et de garde-fou face à la future bipolarisation sino-américaine. L’histoire offre à la France une occasion unique de faire preuve d’exemplarité et de fermeté face au double défi de l’appétit des entrepreneurs chinois et des visions internationales imposées par Washington. Si elle ne le fait pas, son influence dans la région pourrait en pâtir, de même que son autorité et sa légitimité.
La manne financière versée annuellement aux collectivités françaises du Pacifique permet pour l’instant de préserver la paix sociale. Il est cependant important pour l’État français de saisir l’enjeu géostratégique Indo-Pacifique. D’autres puissances pourraient y exercer leur influence. La Chine, dans le cadre des nouvelles routes de la soie, mais aussi d’autres acteurs locaux historiquement sceptiques face à la présence française dans la région.
La Polynésie française, restée longtemps en marge de la mondialisation, se trouve ainsi propulsée dans le grand échiquier mondial, à la confluence d’intérêts géopolitiques concurrents.
 

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[1] Nous reprenons ici le périmètre de l’Indo-Pacifique tel que communiqué par le ministère de la défense français dans la publication La France et la sécurité en Indo-pacifique de la DGRIS de mai 2019 : « un espace géographique, maritime et terrestre, animé par des interactions autour de centres de gravité stratégiques – Inde, Chine, Asie du Sud-Est, Australie. Il englobe les océans Indien, Pacifique et Austral et forme un continuum sécuritaire s’étendant des côtes est-africaines à la façade occidentale des Amériques ».
[2] Géopoliticien allemand (1868-1946), théoricien du pangermanisme et du Lebensraum (espace vital), proche de Rudolph Heiss. En 1924, dans son ouvrage Géopolitique de l’océan Pacifique, il exhorte les dirigeants allemands à s’allier aux peuples Indo-pacifiques (indien, chinois japonais).
[3] ABE Shinzo, « Confluence of the Two Seas », Discours au Parlement de la République indienne, 22/08/2007
[4] MOHAN C. Raja, MANTHAN Samudra, « Sino-Indian Rivalry in the Indo-Pacific », Carnegie Endowment for International Peace, 2012
[5] Département de la défense australien, « Defending Australia and its National Interests », Defence White Paper, 2013
[6] Discours du Président Donald Trump du 10/11/2017 au Vietnam au sommet de l’APEC.
[7] HEFFER Jean, Les États-Unis et le Pacifique, Histoire d’une frontière, Albin Michel l’évolution de l’humanité, 1995
[8] D’après MENZIES Gavin, 1421, l’année ou la Chine a découvert l’Amérique, Intervalles, 2012. Thèse controversée de la circumnavigation chinoise et du destin contesté de Zheng He, un eunuque musulman, grand navigateur et pionnier de l’aventure chinoise dans le Pacifique.
[9] La diplomatie du portefeuille désigne les politiques internationales utilisant ouvertement les aides économiques et les investissements entre deux pays en échange d’accords diplomatiques. Par exemple dans les années 2000 : la compétition entre la République populaire de Chine et la République de Chine (Taiwan) pour se faire officiellement reconnaître par les micros-états du Pacifique insulaire.
[10] Premier forum du « China Pacific Island countries Economic Development and Cooperation » à Fidji en 2006, deuxième forum à Canton en 2013.
[11] LINCOT Emmanuel, Chine, une nouvelle puissance culturelle ? Soft power & Sharp power, Paris, France, MkF éditions, 2019.
[12] KAUFMAN Sylvie, « La France peut-elle devenir une puissance de l’Asie-Pacifique ? », Le Monde, 02/06/2013
[13] MACRON Emmanuel, « Discours du Président de la République sur la Nouvelle-Calédonie à Nouméa », Elysee.fr, 07/05/2018
[14] Ibid.
[15] MALLATRAIT Clémence, La France, puissance inattendue au XXIème siècle dans le Pacifique sud, Harmattan, 2009
[16] Avec près de 11 millions de km2 dont 97 % se trouvent en outre-mer, et près de 9millions de km2 pour la seule zone Indo-Pacifique.
[17] CAUPIN Jean, « La France possède les 2èmes domaines maritimes et 1er domaine sous-maritime au monde ! », Inter Invest, 21/10/2015
On note d’ailleurs qu’un dossier d’extension du plateau continental polynésien a été déposé en 2019 à l’ONU, le domaine sous-marin français pourrait donc encore s’agrandir.
[18] La France et la sécurité en Indo-pacifique, voir supra
[19] REGNAULT Jean-Marc, L’ONU, la France et les décolonisations tardives l’exemple des terres françaises d’Océanie, Presses universitaires d’Aix-Marseille, Aix-en-Provence, 2013
[20] L’union des Comores revendique la pleine souveraineté sur l’île de Mayotte, la république de Maurice revendique l’ile de Tromelin tandis que Madagascar revendique les îles Europa, Bassas da India et Juan de Nova, ainsi que le banc du Geyser.
[21] FOLLIOT Phillipe, « Iles éparses Françaises ! », Revue de défense Nationale, Octobre 2019, pp.31-34
[22] ROCARD Michel, « Une politique française du Pacifique ? », Rapport du Sénat : La France dans le pacifique quelle vision pour le 21eme siècle ?, 17/01/2013
[23] Outre les 2,5 milliards de transferts directs à ces trois collectivités, il y a également l’action de l’Agence française de développement.
[24] LECHERVY Christian, « Pacifique : quelle géopolitique », Diploweb, 06/02/2016
[25] LECHERVY Christian, « Les politiques américaines et françaises vis-à-vis de l’intégration régionale de leurs territoires non souverains du Pacifique », L’Océanie convoitée, CNRS Editions, 2017, p.277
[26] NOIR Frederic, « Vietnam : La langue française a-t-elle encore sa place face à l’influence grandissante de l’anglais », Radio France Internationale, 23/11/2016
[27] Fondation Alliance Française, « Alliances françaises dans le monde », wwww.fondation-alliancefr.org
[28] Lowy Institute, « Global diplomacy Index », https://globaldiplomacyindex.lowyinstitute.org/
[29] 25 ambassades, 14 consulats généraux, et deux bureaux de représentation (Taiwan et Corée du Nord).
France diplomatie, « La présence française en Asie-Océanie », Juin 2018
[30] La France et la sécurité en Indo-pacifique, voir supra
[31] Ibid.
[32] Ministère des armées, « Rapport au Parlement sur les exportations d’armement de la France 2019 », p.11
[33] Ibid.
[34] Ibid.
[35] BACHELIER Jeremy, « Vers une région Indo-pacifique », Revue de Défense nationale, Tribune No. 977
[36] Stockholm International Peace research Institute, « Sipri Military Expenditure Database », 2018
[37] Direction de l’information légale et administrative, Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale 2013, Paris, 2013, p.110
[38] XIAOCI Deng, « Macron savor role in Indo-Pacific: analysts », Global Times, 05/03/2018
[39] DAVID Amélie, « La relation entre la Chine et la Polynésie française est une composante importante des relations sino-françaises », Tahiti info, 19/07/2016
[40] AL WARDI Sémir, REGNAULT Jean-Marc et SABOURET Jean-François, L’Océanie convoitée, CNRS Editions, 2017
[41] TEHETIA Corinne, « La présence de thonier chinois crée un tollé sur les réseaux sociaux », Tahiti Info, 18/03/2019.
[42] Équipage paramilitaire, non-respect de l’interdiction pêche de certaines espèces, déballastage sauvage, etc.
[43] FAO, « La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2016. Contribuer à la sécurité alimentaire et à la nutrition de tous », Rome, 2016, p.11
[44] Ibid, p.27
[45] Ibid, p.83
[46] COLIN Sébastien, « Les mers lointaines, nouvelles frontières de la puissance halieutique chinoise ? », Hérodote, Vol. 163, No. 4, 2016, pp.87-100
[47] RIVAL Yann, « Investissement en Océanie et développement durable », L’Océanie convoitée, CNRS éditions, 2017, p.338
[48] Rapport d’information du Sénat n°698, enregistré à la Présidence du Sénat le 18 septembre 2015, p.28. Ce rapport alerte sur « les conséquences environnementales d’une telle activité [qui] risquent d’être assez catastrophiques ».
[49] CLUA Éric, « Une ferme aquacole géante installée sur une ancienne base atomiques », France Inter, 20/05/2016
[50] CHAUMEAU Christine, « L’atoll d’Hao, victime collatérale des essais nucléaires », Le Monde, 26/06/2016
[51] « Vision for Maritime Cooperation under the Belt Road Initiative », XINHUA, 2017
[52] DUFOUR Jean-François, Made by China : les secrets d’une conquête, Edition Dunod, 2012
[53] TATAU Gilles, « Aquaculture de Hao le début des travaux reporté », Polynésie première, 18/01/2019
[54] PITRON Guillaume, La guerre des métaux rares -La face cachée de la transition énergétique et numérique, Edition Liens qui libèrent, 2018
[55] DAVID Carine, De quelques aspects juridiques de l’exploitation minière sous-marine en Polynésie français, In L’Océanie convoitée, sous la direction de AL WARDI Sémir, REGNAULT Jean-Marc et SABOURET Jean-François. CNRS Editions, 2017 p563
[56] LEMERCIER Phillipe, « Les collectivités ultramarines du Pacifique : un potentiel de richesses qui nourrit l’innovation », in La France dans le Pacifique ; Quelle vision pour le 21ème siècle ? Colloque du Sénat du 17/01/2013, p.107
[57] « China Ocean Minerals Research and Development Association » organisation exerçant des activités d’exploration et d’exploitation dans les fonds marins, les fonds océaniques et leur sous-sol au-delà des limites de la juridiction nationale, conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS) de 1982.
[58] JIANG Yang, The Pacific island’s in China’s Grand strategy, Small states, Big games, Pallgrave Macmillan, 2011, p.118
[59] COPPENRATH Gerald, Les Chinois de Tahiti, de l’aversion à l’assimilation 1865-1966, publication de la société océanistes, n°21, Musée de l’homme, Paris, 1967
[60] SAURA Bruno, Tinito : la communauté chinoise de Tahiti, installation, structuration, intégration, Au Vent des îles, Papeete, 2002
[61] La chercheuse Anne-Christine Trémon, spécialiste de la diaspora chinoise de Tahiti estime en effet que les associations pro-Taiwan (Kuo Min Tang 1,2 et 3) étaient trois fois plus nombreux que les membres de l’association philanthropique plutôt pro Pékin. TREMON Anne Christine, « Un consulat de Chine dans la France d’outre-mer », Critique internationale, 2009/1, No. 42, pp.119-140
[62] Ibid. En 2012, la Cour d’appel de Paris a mis fin à soixante-dix ans de procédure en estimant que le terrain appartenait à la République de Chine.
[63] THOMAS Mélanie, « Les raisons de l’échec de Tahiti Nui rava’i », Tahiti-infos, 25/07/2015
[64] « Jiang Zemin rencontre des hôtes polynésiens », Quotidien du Peuple, 09/10/2002
[65] « La Polynésie devient une destination touristique agréé » pour la Chine », AFP, 21/03/2008
[66] VALAX Cédric, « Oscar Temaru invité de « A vous la parole », Radio 1, 11/04/2013
[67] TANG E., « Edouard Fritch reçu par le vice-président chinois », Polynésie première, 02/07/2015
[68] HURLEY John, MORRIS Scott, PORTELANCE Gailyn, « Examining the the debt implication of the belt road initiative from a Policy perspective », Center for global development
[69] C’est ce que certains appellent la « debt trap diplomacy ». Le Tonga, le Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle- Guinée, le Sri Lanka, les Maldives sont des victimes désignées de cette stratégie. L’endettement massif auprès de banques chinoises est de facto contrôlé par Pékin et peut avoir des conséquences lourdes sur les états débiteurs : prêt concessionnel sur quatre-vingt-dix-neuf ans, influence politique, corruption et clientélisme.The Editors, « China’s debt trap diplomacy », National Review, 03/07/2018
[70] MC DONALD Julie, DONAHUE Amy, DANYLUK Bathany, Energy futures in Asia: Final report, Booz-Allen & Hamilton, 2004
[71] Par exemple, le Port de Darwin en Australie, la « Rainbow city » au Vanuatu, l’exploitation de la mine de Nickel Ramu en Papouasie Nouvelle-Guinée.
[72] WROE David, « China eyes Vanuatu military base in plan with global ramifications », Sydney Morning Herald, 09/04/2018
[73] Foreign & Commonwealth Office, « Foreign Secretary expands UK Commonwealth diplomatic network », Foreign & Commonwealth Office, 19/04/2018
[74] HOPE Cristopher, « Britain to become ‘true global player’ post-Brexit with military bases in South East Asia and Caribbean, says Defence Secretary », The Telegraph, 30/12/2018
[75] JOHNSON Boris, « Britain is back East of Suez », Foreign & Commonwealth Office, 09/12/2016
[76] CLAIREAUX Karine, « 61 propositions pour la mer et l’archipel France », Actumaritime, 31/03/2017
[78] France diplomatie, Livre Blanc « Stratégie Asie-Océanie 2030 », 2018
[79] La France et la sécurité en Indo-pacifique, voir supra
 
Pour lire l’intégralité de ce numéro des Cahiers du comité Asie :
 
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