Compte-rendu de la conférence: Beyond piracy and armed robbery at sea, a review of maritime security threats in West and Central Africa

La délégation internationale de l’ANAJ-IHEDN à Londres a organisé le jeudi 8 février 2018 au King’s College de Londres, une conférence au sujet de la sécurité maritime en Afrique centrale et de l’ouest avec pour intervenante, Ifesinachi Okafor Yarwood. En voici le compte rendu.
 
 

Beyond piracy and armed robbery at sea: a review of maritime security threats in West and Central Africa

 
 

> À propos de l’intervenante:
Ifesinachi Okafor Yarwood est doctorante, spécialisée sur les menaces sécuritaires dans le golfe de Guinée, au King’s College London.

 

En guise d’introduction, Ifesinachi Okafor Yarwood insiste sur l’importance des dommages engendrés par la pêche illégale dans le golfe de Guinée. Tandis que l’actualité se concentre généralement sur les dangers de la piraterie, la pêche illégale impacte de façon critique la sécurité des personnes et des biens en mer ainsi que la sécurité humaine sur terre.

Présentation

Tout d’abord, Mme Okafor Yarwood revient sur les enjeux de la sécurité maritime exposés en 2008 par le Secrétaire Général des Nations-Unies Ban Ki Moon dans son rapport sur les océans et le droit de la mer. Ce document identifie plusieurs menaces portées à la sécurité maritime, entendue comme la sécurité des personnes et des installations en mer. Les actes de piraterie et de vol à main armée, dont le nombre a augmenté depuis 2016 avec l’arrivée d’un nouveau groupe armé, les Niger Delta Avengers, dans le Delta du Niger, constituent la première menace. Ensuite, bien qu’il soit difficile de connaître le pourcentage exact d’armes transportées par les eaux, les trafics d’armes contribuent à l’insécurité en mer. Les guerres au Libéria, en Sierra Leone ainsi qu’en Libye ont en effet permis l’afflux d’armes dans la région ; la plupart finissant au Nigéria. Les actes de sabotage et de terrorisme visant les installations offshores, les trafics illicites et notamment de drogue ainsi que les trafics d’êtres humains sont aussi identifiés comme nuisant à la paix en mer. De plus, la pollution et le versement de substances toxiques impactent non seulement la faune marine mais aussi les nombreuses communautés dépendantes de la pêche.

Mme Okafor Yarwood choisit ensuite de se concentrer sur les menaces posées par la pêche illégale. Le secteur de la pêche dans le golfe de Guinée emploie environ 9 millions de personnes, procure 80% des protéines consommées par les populations locales et représente autour de 10% des PNB de pays côtiers comme le Ghana et la Guinée Bissau. Alors que les ressources halieutiques constituent une manne stratégique pour les pays de la région, peu de mesures sont prises pour s’attaquer à la pêche illégale. Certains pays n’ont pas conscience de l’importance de la pêche pour leur développement économique et/ou manquent de moyens pour contrôler leur domaine maritime de façon effective. De surcroît, lorsque les pays réglementent la pêche, les mesures ainsi décidées ne sont malheureusement que rarement appliquées, de sorte qu’elles sont de facto privées de toute efficacité. Enfin, la corruption explique aussi la prévalence de la pêche illégale dans la région.

Le manque de régulation du secteur de la pêche, l’absence de lois efficaces pour réglementer l’accès aux ressources et la pêche illégale ont des conséquences multiples sur la sécurité des personnes et des biens en mer et sur la sécurité humaine. D’abord, la sécurité alimentaire des populations est menacée du fait de la réduction, voire de la disparition, du nombre de poissons disponibles. Ensuite, le risque de conflits en mer est augmenté car les pécheurs sont forcés de travailler dans d’autres zones géographiques que celles de leur village, ce qui provoque des conflits locaux au potentiel régional. De plus, certains pêcheurs se tournent vers des activités illicites comme le vol à main armée en mer ou l’attaque d’installations offshores car ces dernières se révèlent plus lucratives. Enfin, la baisse des ressources liée à l’exploitation non maîtrisée des produits de la mer entraîne une augmentation du nombre de migrants, y compris vers l’Europe : les populations privées de nourriture et plongées dans la pauvreté cherchent vers d’autres horizons ce qu’ils ne trouvent plus chez eux.

Conclusion

Suite à sa présentation, Mme Okafor Yarwood a répondu à plusieurs questions de la salle portant notamment sur le golfe d’Aden, la réponse régionale pour améliorer la sécurité dans le golfe de Guinée, les marchés sur lesquels les fruits de la pêche illégale sont vendus et l’arrivée de la Chine dans la région.

Blandine SIXDENIER
Déléguée internationale de l’ANAJ-IHEDN à Londres
91e Séminaire Jeunes – Nîmes 2015
londres@anaj-ihedn.org

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