Kigali face aux impératifs de l’après génocide

 

Kigali face aux impératifs de l’après génocide

 

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Dans le cadre de mes études j’ai été amené à réaliser un stage à l’étranger. Fort de mon tropisme pour l’Afrique, et en ayant eu l’opportunité, j’ai pu me rendre au Rwanda afin de réaliser mon stage à la Commission Nationale de Lutte Contre le Génocide. En son sein, j’ai pu réaliser une étude sur la reconstruction de la capitale à la suite du traumatisme qu’a représenté et représente encore aujourd’hui le génocide.

Il m’a semblé pertinent de réaliser une analyse, comprenant recherche et rédaction, plutôt globale sur la gestion de la capitale post-génocide. La question démographique face à la faiblesse structurelle de la capitale. Voilà le défi que doit relever la Ville de Kigali aujourd’hui. Cette étude explore le processus de reconstruction de Kigali après le génocide survenu en avril 1994. Par conséquent, il m’était impératif de me pencher sur les questions de l’urbanisation nécessaire, en réponse au fort impact démographique qu’a représenté le retour des réfugiés et des exilés.

Les axes de recherches ont donc été multiples afin d’offrir un panorama, une vision d’ensemble, des défis relevés et à relever dans l’avenir :

–   La gestion démographique post-génocide
–   Les politiques d’aménagement
–   Faire cohabiter génocidaires et « génocidés »
–   L’administration de la Ville de Kigali

Kigali, capitale d’un pays en pleine mutation

  • Approche historique, géographique et démographique du Rwanda

Petit pays montagneux et enclavé au centre est de l’Afrique, le Rwanda s’étend sur une superficie de 26 338 km2 où résident 11 millions d’habitants (11 689 696), ce qui en fait le pays d’Afrique le plus densément peuplé (443,8 habitants au km2), tout en étant le moins urbanisé, à peine 20%. Il partage des frontières communes avec au nord l’Ouganda, à l’est la Tanzanie, au sud le Burundi et à l’ouest la République Démocratique du Congo.

Depuis sa fondation en 1907 par l’Allemand Richard Kandt, premier résident impérial du Rwanda, l’urbanisation de Kigali se fait principalement en dehors de toute planification urbaine. Apparaît donc une expansion spontanée et non maîtrisée de la ville où se matérialise une sorte de stratification qui tend à une exclusion sur des bases économiques et socio-démographiques. Resté pendant longtemps sous-urbanisé, le Rwanda et sa capitale connaissent un élan d’urbanisation depuis son indépendance en 1962 qui s’est sensiblement accéléré depuis les années 1990 (lorsque débute la guerre). Le taux d’urbanisation est plutôt rapide, surtout pour la capitale, auquel s’ajoutent des défis inhérents.

Sa situation quasiment au centre du pays fait de Kigali un pôle d’attraction majeur pour tous les coins du pays. Cet emplacement central caractérise une volonté de placer la résidence impériale au centre même du pays afin de faciliter à la fois l’accessibilité aux marchandises mais aussi l’administration, à l’inverse des postes/villes militaires situées à la périphérie du territoire. Au-delà de la ville même, Kigali est l’une des cinq provinces du pays avec la Province du Nord, celle du Sud, de l’Ouest de l’Est.

  • Kigali

A la fois ville et province, la structure administrative de Kigali a connu différentes évolutions au gré des réformes pour en arriver à la structure administrative actuelle depuis la réforme de 2005. Ses réformes ayant pour but la restructuration de la province et de la ville en dotant les découpages (districts, secteurs, cellules) d’une administration commune chargée de limiter l’occupation et l’extension urbaine anarchique. Historiquement, la Ville de Kigali a connu plusieurs évolutions administratives et géographiques. Ainsi en 1990 est créée la Préfecture de la Ville de Kigali (PVK) pour assurer de manière concrète les fonctions de capitale du Rwanda. La PVK comprend alors trois communes : Nyarugenge, Kicukiro et Gasabo, subdivisées elles-mêmes en une vingtaine de secteurs. Dix ans plus tard, les limites de la circonscription de la Préfecture de Kigali sont restructurées afin d’intégrer les périphéries de la ville. Cela implique une décentralisation politique faisant suite aux installations de population sur les collines environnant la PVK. La redéfinition de ses limites entraîne, de fait, une restructuration administrative et une nouvelle dénomination. Kigali reçoit alors la dénomination de « Mairie de la Ville de Kigali » (MVK), les Communes deviennent alors des Districts.

Cette étude explore le processus de reconstruction de Kigali après le génocide survenu en 1994 et par conséquent l’urbanisation de la capitale afin de répondre à l’impact démographique.

La province de Kigali et ses trois districts regroupant Kigali city et le Kigali Rural.

Kigali-Province

Le Rwanda, découpé en cinq provinces et leur subdivision administrative en districts.

Rwanda-Map

La nécessité pour la capitale d’accueillir exilés et rescapés du génocide

Faisant face aux défis que pose le retour massif des exilés et des réfugiés ainsi que l’importance des mouvements internes, Kigali en devient la destination principale. L’ampleur des déplacements de population au Rwanda ces dernières années est, toute proportion gardée, presque sans équivalent sur le reste du continent. La tragédie rwandaise a vidé le pays de près du tiers de sa population, près d’un million de personnes disparaissaient pendant le génocide tandis que la prise de Kigali en juillet 1994 par le FPR provoquait un exode massif de 2 300 000 de réfugiés vers les Etats voisins ; 250 000 au Burundi, 450 000 en Tanzanie et 1 600 000 au Zaïre (devenu la République Démocratique du Congo en 1997). Le retour d’une partie de ces réfugiés en 1997 a permis au Rwanda de retrouver son niveau de population d’avant guerre, mais celle-ci a été bouleversé dans son implantation géographique que dans sa composition.

C’est dans un contexte de reconstruction suite aux destructions du tissu social et des infrastructures suite à la guerre déclenchée en 1990 et surtout au génocide des Tutsis de 1994, que le gouvernement du Rwanda lance un programme de reconstruction et de réconciliation, passant par l’aménagement d’une capitale cosmopolite.

  • Au lendemain du génocide, la ville devient un pôle d’attraction privilégié

Devenu l’emplacement privilégié d’installation après la guerre civile et le génocide, Kigali doit faire face à une pression démographique jamais vu jusqu’alors. Celle-ci révèle les faiblesses structurelles des institutions publiques en matière de planification urbaine durable, ce qui entraîne le bouleversement de la physionomie de la ville. La densification et l’étalement urbain des quartiers dit spontanés ou anarchiques sont considérables. Ils se développent en comblant des zones jusqu’alors vides entre le centre historique et les quartiers périphériques du Kigali rural.

Cette problématique n’est pas nouvelle. Kigali a déjà du faire face à d’importants mouvements d’exodes ruraux après l’indépendance du pays. C’est un phénomène largement répandu dans le continent africain. L’instabilité politique et les guerres fréquentes entraînent un accroissement de la population dans les villes. La population se tourne plus volontiers vers les grandes structures urbaines, considérées comme lieux de refuges. A l’inverse, la stabilité retrouvée après les conflits n’entraîne pas le retour des déplacés.

C’est un fait largement répandu, les villes attirent pour des raisons de sécurité : noyé dans le nombre on se sent protégé et anonyme. Au vu du déroulement du génocide, ce sont des notions d’autant plus importantes pour les exilés, de se fondre dans la masse, ne plus être connu et reconnu de ses voisins ou des habitants de son village.

Cette croissance urbaine, hors de toute planification aboutit à une « inflation urbaine » (P. Bairoch, 1996). La production des logements se fait majoritairement de façon informelle ou anarchique, environ 80% de la population urbaine du Rwanda vit dans des quartiers précaires.

  • Un afflux sans précédent qui bouleverse la capitale

Au delà de l’aspect rassurant de la ville, d’autres raisons expliquent cet afflux massif dans la capitale et par conséquent son extension urbaine.

Kigali met en place et développe les organes centraux du pays. Les représentations diplomatiques étrangères se font de plus en plus nombreuses ainsi que l’établissement de sièges sociaux d’entreprises industrielles, commerciales, bancaires. Kigali devient donc une agglomération en pleine croissance, capable d’attirer une importante population pour des raisons professionnelles.

La ville s’accroît à très grande vitesse. De l’indépendance à 1973 la superficie de la ville passe de 2,5 à 70 km2. Cette extension continue, en 1991 le recensement général évalue à plus de 235 000 habitants (60 000 en 1973) sur un espace de 112 km2.

Le mode d’occupation de l’espace se caractérise par une importante prolifération des quartiers spontanés, aucun régime, post pouvoir colonial, ne parvenant à contrôler l’explosion démographique. Les jeunes républiques n’ont pu mettre en place les moyens nécessaires afin d’acquérir des parcelles et loger tous les immigrants. Ces arrivants s’établissent alors en bordure du centre urbain et se développent autour de constructions anarchiques, donc réalisées à moindre coût. Les divers plans urbains élaborés en 1964 et en 1982 sont soit ignorés soit non réalisés comme définis dans les projets.

Après avoir fait face au retour des exilés et des réfugiés Kigali assiste à d’importantes migrations internes. Ce phénomène prend une ampleur grandissante jour après jour. En 2006, l’étude de la migration fait apparaître que plus de 10% des Rwandais âgés de 15 ans et plus, soit 550 000 personnes de cette tranche d’âge, ont changé de district au cours des cinq dernières années. Ces migrations s’expliquent principalement par des raisons économiques et familiales. La ville de Kigali absorbe à elle toute seule un tiers de ces migrants

Il est important de noter que la guerre de 1990 et le génocide de 1994 ont causé une ponction de vies humaines historique ainsi qu’un exil massif vers les pays frontaliers, de sorte que la population totale de Kigali au lendemain du génocide est estimée à 50 000 habitants (235 000 en 1991). Toutefois, la population de Kigali s’accroît très rapidement, à la faveur d’un retour des exilés et des réfugiés, des migrations internes et d’une forte croissance naturelle. Ainsi elle est aujourd’hui estimée à presque 1 million de personnes. La ville a vu sa population quadrupler en une vingtaine d’années. Mais cet afflux massif a créé un problème de logement avec la multiplication des habitations précaires.

Afin de faire face à ce problème central dans l’occupation (l’urbanisation) de l’espace à Kigali mais également pour promouvoir une capitale attractive et internationale, les autorités gouvernementales et municipales ont élaboré un nouveau projet directeur d’aménagement de la ville.

La croissance ultra rapide de Kigali s’explique par les facteurs déjà évoqués, la sécurité relative qu’offre la ville suite aux événements traumatisants que le pays a connu. Les rapatriements massifs des réfugiés en 1994 et 1996 ont apporté une considérable partie de la population dans les villes et principalement Kigali. Population à laquelle s’ajoute une partie des quelques 600 000 déplacés en 1993, comme le fait remarquer M.-A. Pérouse de Montclos (« Kigali après la guerre : la question foncière et l’accès au logement », CEPED).

La ville connaît alors une véritable explosion démographique sur une courte durée, ce qui perturbe sensiblement l’organisation et l’occupation de l’espace. Cela rend nécessaire une redéfinition des limites urbaines de Kigali s’étendant, après la réforme de 2000 sur 314km2 puis sur 730km2 après celle de 2005.

La nécessité de répondre à l’accélération de l’urbanisation

En préambule, il est important de préciser que l’urbanisation de Kigali ne se limite pas à la définition que donne R. Leboutte en 1993, « une concentration croissante de la population dans des agglomérations urbaines », mais plutôt à un processus d’occupation et d’appropriation de l’espace.

L’urbanisation accélérée, non planifiée et non maîtrisée a déséquilibré l’armature urbaine en concentrant dans Kigali plus de 45% de la population urbaine et 70% des activités de production des richesses. Par ailleurs, près de 80% de la population de la capitale vit dans des quartiers précaires. D’après ONU-Habitat, une population vit dans un habitat précaire si elle remplit les conditions suivantes : pas d’accès à l’eau potable ; pas accès à l’assainissement ; habitat d’une structure non permanente ; ne dispose pas de suffisamment d’espace par personne ; ne jouit pas de la sécurité de la tenure résidentielle.

  • Lois foncières et redistribution des terres

Le droit à la propriété est régi par plusieurs lois dont la loi régissant l’expropriation pour cause d’utilité publique, la loi organique déterminant l’utilisation et la gestion des terres au Rwanda, la loi sur la propriété intellectuelle, etc. La politique nationale sur la terre ainsi que le plan stratégique sur la réforme du régime foncier constituent des outils de base à la propriété foncière. Un arrêté ministériel prévoit des modalités de partage des terres. Les instructions du Premier Ministre définissent la mise en œuvre du contrat du client sur l’administration foncière et l’acquisition de terres. Une campagne d’enregistrement des propriétés est en train d’être effectuée par le Centre National des Terres, ce qui permettra aux détenteurs des titres de propriété l’accès au crédit en hypothéquant leurs terres. La campagne a commencé dans tous les districts et environ 13 700 000 parcelles ont été enregistrées à l’échelle nationale, c’est la politique du land sharing.

Grâce aux efforts conjoints du Ministère chargé de la gestion des catastrophes et des questions des réfugiés et le Ministère en charge des affaires sociales, des réunions tripartites entre le HCR et les pays d’origine des réfugiés accueillis par le Rwanda ou entre le HCR et les pays d’accueil des réfugiés rwandais se tiennent régulièrement pour la recherche des solutions durables au problème des réfugiés. Ces pays sont principalement l’Ouganda, la RDC, le Malawi, la Zambie, le Kenya et le Burundi. Le Rwanda est connu pour avoir rapatrié et réinstallé le plus grand nombre de réfugiés, autour de trois millions, après le génocide de 1994. Le Gouvernement a donné aux rapatriés des lopins de terre, tandis que le HCR leur a fourni des tôles pour construire des logements. Le Ministère de la Santé, en collaboration avec les centres de santé locaux, a fourni aux rapatriés des soins médicaux, y compris l’assurance maladie (mutuelle de santé). Conformément à l’instruction ministérielle de 2010, les réfugiés qui ont passé 15 ans dans le pays peuvent acquérir des cartes d’identité, ce qui leur donne le droit au travail et permet à leurs enfants d’acquérir la nationalité Rwandaise.

  • Le KCMP, fil directeur de la reconstruction urbaine

Le Kigali Conceptual Master Plan, plan d’aménagement urbain de la ville de Kigali, est lancé en 2005. Son but est de définir les directives des projets d’urbanisation de la ville selon les trois districts Nyarugenge, Kicukiro et Gasabo. Chaque Sector Plan (pourquoi souligné ? Lien hypertexte ?) doit être conforme aux lignes directrices du concept initial. Il s’agit là d’un projet à long terme lancé par la ville de Kigali, allant au delà de la vision 2020 du pays. L’année 2020 constituant plutôt une étape, mais le KCMP est un plan directeur à l’horizon 2050, chaque district élabore sa propre vision, en accord avec le master plan que l’on peut qualifier de base.

Fidèle Ndayisaba, maire de Kigali, rappelle que le KCMP fixe « les normes de construction des nouvelles infrastructures dans la capitale rwandaise » tout autant qu’il détermine les usages des différentes zones : commerciales, résidentielles, sociales, touristiques, ce qui déterminera les options de constructions notamment en terme de hauteur de bâtiments, pour les parcelles touristiques, par exemple, il sera permis de construire en hauteur, jusqu’à une limite de 8 niveaux. Le projet classifie également des zones, comme les forêts ou les marais, où rien ne sera construit.

Le plan prévoit également la réalisation de routes, ponts ainsi que de canalisations pour les eaux de pluies et eaux usées. Ainsi que la construction d’un lac artificiel dans les marais de Nyabugogo. Dans un objectif de viabilisation et d’amélioration des conditions d’habitats, le projet prévoit des plans de destruction de l’habitat anarchique : destruction, expropriation et attribution de parcelles. Depuis plusieurs années déjà, se développement les Malls avec l’idée d’« imiter le développement des métropoles occidentales comme Chicago et Rome » plaisante Fidèle Ndayisaba lors d’un entretien réalisé par Inter Press Service (IPS).

Le KCMP prévoit donc de limiter l’afflux automobile dans la capitale rwandaise « afin de créer une nouvelle ville pour les piétons uniquement », Théoneste Mutsindashyaka, ancien maire de Kigali, pour IPS. La volonté est clairement affichée de faire de Kigali une ville économique et écologique ; le respect de l’environnement est une thématique très présente dans l’ensemble du pays, notamment spécialisé dans l’écotourisme et la préservation de l’environnement.

Le coût estimatif de ce plan s’élève à 1 428 milliards de dollar, supporté par la Ville de Kigali et ses promoteurs associés ainsi que des bailleurs de fonds étrangers et une aide de l’Union Européenne.

La VK facilite aussi le développement des sites de maisons de moyen standing en périphérie de la capitale, ce qui permet de loger davantage de monde sur des surfaces au sol moindre. Ainsi qu’un projet de maisons de bas standing. Tout cela dépend de la classification de la parcelle. D’après le même principe, la mairie de Kigali a aménagé des parcelles destinées à des résidences de haut standing dans des quartiers périphériques également. Cela permet de générer d’importantes ressources grâce à des frais d’acquisitions supérieurs. La classification se fait selon la surface exploitée, les habitations de haut standing représentent des surfaces entre 700 et 1 500m2, le moyen standing, de 500 à 700m2, le bas standing, 300 à 500m2, le très bas standing pour des surfaces de 100 à 300m2 et enfin pour les surfaces inférieurs à 100m2 on parle d’extrêmement bas standing.

La classification des quartiers comprend également des zones sur lesquels rien ne doit être construit : quartiers dangereux, non équipés en accès à l’eau et à l’électricité, marais.

L’ancien maire de Kigali, Théoneste Mutsindashyaka, a proposé de démanteler toutes les infrastructures installées en désordre : constructions anarchiques, ne répondant pas aux normes de la capitale. Ce processus de démantèlement des habitations précaires n’est pas nécessairement du goût des habitants installés pour certains depuis l’époque coloniale ou l’indépendance (1962). De plus, il est nécessaire de préparer les mentalités à l’habitat en hauteur ou plus structuré. Bien que la VK essaye la plupart du temps de conserver le même voisinage lors des relogements.

Une importante partie du projet s’attache à l’assainissement de la ville, afin de trouver une solution ou du moins une alternative aux problèmes des habitants de Kigali qui, après les expropriations de leurs propriétés ne sont pas toujours relogés par la ville (par manque de moyen et de logements disponibles). Si la ville se trouve dans l’impossibilité de les reloger, ces familles reçoivent des dédommagements afin de se construire un nouveau logement, en dehors des zones « réquisitionnées » par le KCMP.

Les nombreux efforts fournis par les autorités pour résorber les problèmes liés à l’habitat dans la Ville de Kigali sont à poursuivre. Ce secteur n’a cessé de s’améliorer, mais il reste beaucoup à faire. Les plans ont permis la construction de quartiers modernes, mais n’ont pas empêché pour autant les quartiers précaires et informels de perdurer.

  • Le Rwanda aujourd’hui – vision 2020.

Les plans élaborés par le Rwanda et la Ville de Kigali ont pour but d’initier une nouvelle dynamique à l’échelle nationale et de la capitale. Ces programment visent à élaborer les lignes directrices de la transformation socio-économique du pays. La vision 2020 illustre la société que le pays veut devenir à cet horizon. Le KCMP quant à lui, se réduit à la capitale.

Le Rwanda a élaboré les programmes visant la transformation socio-économique du pays. Ces programmes comprennent la Vision 2020 et la Stratégie de Développement Economique et de Réduction de la Pauvreté. La Vision 2020 montre le genre de société que le pays veut devenir d’ici 2020 tandis que la Stratégie de Développement Economique et de Réduction de la Pauvreté prévoit un cadre de développement du pays à court terme basé sur les aspirations de la Vision 2020 et les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Le pays a également élaboré plusieurs politiques et programmes pour la promotion et la protection des droits de la personne. En dehors de la politique générale sur les droits de la personne qui reste l’une des priorités, presque toutes les autres politiques clés dans différents secteurs liés aux droits de la personne (éducation, santé, protection sociale, droits des femmes, droits des enfants, droits des personnes handicapées …) ont été adoptées.

Depuis la publication du schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme à l’horizon 2050, ou Kigali Conceptual Master Plan, en 2007, et le renforcement de la régulation en matière de construction en ville, l’urbanisation spontanée se développe dans la périphérie urbaine dans les quatre districts des provinces frontalières de Kigali.

Les différentes réformes administratives ont été faites pour structurer l’habitat de Kigali face à la pression démographique. La forte croissance de la ville débute à l’indépendance, en 1962. L’autorité coloniale avait tenté de contrôler la croissance urbaine désordonnée, mais ni la première ni la deuxième République n’ont pu maîtriser le mouvement d’exode rural. Kigali s’accroît continuellement depuis 1990 pour regrouper, au dernier recensement de juillet 2011, plus d’un million d’habitants.

Force est de constater que dans son processus d’urbanisation Kigali a été marquée par deux grands défis : les immigrants qui ont investi dans des constructions anarchiques moins chères et les mesures restrictives en matière d’habitat urbain qui ont poussé les gens à se diriger vers les zones périphériques où la régulation est moins stricte. Lors de chaque réforme administrative, ces périphéries occupées spontanément sont intégrées dans la circonscription urbaine. Cependant, l’habitat spontané n’a eu de cesse de proliférer non seulement dans la périphérie mais également au sein de la ville. Il en résulte un modèle d’urbanisation caractérisée par des quartiers modernes relativement bien équipés abritant des riches qui côtoient des quartiers spontanés où se concentrent des populations à faible revenu. Depuis 2007 et le KCMP, la ville est en cours de modernisation avec un volonté marquée de maîtriser les problèmes d’urbanisation et l’objectif de faire de Kigali une ville compétitive et attractive de classe internationale et offrant un environnement sûr et propice à l’investissement.

 Bérenger CAUDAN-VILA
Membre du Comité Afrique
Séminaire Master 2 « Défense & Géopolitique » – Janvier 2013

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Cette étude se base sur divers entretiens menés auprès du personnel des Ministères de la Terre, des infrastructures,  ainsi que du bureau de l’urbanisme de la Mairie de la Ville de Kigali, des membres de la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide, et d’ONG (Rwanda Avenir) ainsi que sur des ouvrages, dont voici les principaux :

PEROUSE DE MONTCLOS Marc-Antoine, « Kigali après la guerre : la question foncière et l’accès du logement », in Les dossiers du CEPED n°57, édition Centre français sur la Population et le Développement (CEPED), février 2000

TWAHIRWA Aimable, “Développement –Rwanda : Le projet d’urbanisation de Kigali a du mal à prendre son envol », Inter Press Service,

MINITERE, « Rapport national du Rwanda sur le développement durable et la mise en œuvre  de l’agenda 21 », Ministère des terres, de la réinstallation et de la protection de  l’environnement au Sommet mondial sur le développement durable ou Rio +10, Johannesburg, 2002

MICHELON Benjamin, « l’Urbanisation de Kigali : la (re)construction d’une capitale mondiale après le génocide » in International Research Conference, Tutsi Genocide and reconstruction of Knowledge, juillet 2008

MICHELON, Benjamin, « Kigali : une ville durable pour tous ? », Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, octobre 2009

MICHELON, Benjamin, « Kigali : une urbanisation entre modernisation et réconciliation » in Urbanisme, num. 363, Paris, 2008

MANIRAKIZA Vincent, « Processus d’urbanisation de la ville de Kigali, Rwanda : relation entre la dynamique spatiale et démographique »

MINECOFIN, Enquête intégrale sur les conditions de vie des ménages au Rwanda, INRS, Ministère des finances et de la planification économique, Kigali, 2002.

MININFRA, Rwanda National urbanization Policy, Ministère des infrastructures, Kigali, 2007

VILLE DE KIGALI, Schéma directeur de la ville de Kigali horizon 2020, Kigali, 2001

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